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 Pèlerinage à Yemma Gouraya «Glaânayasse»

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boulevard boy

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MessageSujet: Pèlerinage à Yemma Gouraya «Glaânayasse»   Pèlerinage à Yemma Gouraya «Glaânayasse» EmptyMer 21 Sep - 3:02

Pèlerinage à Yemma Gouraya «Glaânayasse»
La Sainte patronne veille sur Béjaïa

N’allez surtout pas croire qu’il n’y a que les valides à oser défier le chemin de chèvres tant les lieux tiennent d’une véritable cour des miracles : vieux, jeunes, éclopés, handicapés moteurs, aveugles. C’est Saint Jacques de Campostelle et Lourdes réunis ! Qu’est-ce qui peut bien transfigurer ces visages burinés, rongés par les vicissitudes d’une vie souvent pénible et d’une existence qui n’a jamais été tendre avec eux ? La foi, pardi, la foi !


Pèlerinage à Yemma Gouraya «Glaânayasse» Bejaiagouraya4bt

S’il est un lieu qui a supporté, accompagné des siècles durant la population qui a élu domicile sur les pentes raides et boisées de la montagne dont il occupe l’éminence la plus haute, c’est bien le sanctuaire de Yemma Gouraya. Celle qui fait partie des cents, seule femme parmi les 99 saints, patrons tutélaires de la cité et que certains, à la science infuse, suprême sacrilège balaie d’un revers de la main, parlant un jour de mythe et le lendemain d’une légende, se confond, tellement à l’histoire de la ville bâtie à ses pieds que l’appellation Ville de Yemma Gouraya, loin de sommer faux ne fait a contrario que sublimer une complicité fabuleuse, exemplaire.
A chaque fois que Bgayet fait les frais de la folie et de la convoitise des hommes, c’est vers elle que se tournent suppliques, appels à la miséricorde et au grand pardon. Yemma Gouraya et Bgayet ont cela de commun d’avoir partagé joies et douleurs et d’avoir connu invasion et prédications, pillages et génocides, splendeur et décadence...
Bgayet honore sa sainte patronne qui le lui rend bien en retour, lui prodiguant protection, réconfort et une certaine opulence. La renommée de Yemma Gouraya a de nos jours dépassé largement les frontières de la Kabylie. Ils viennent de partout, des wilayas limitrophes et des contrées plus éloignées, de France et de Navarre, du Canada et même des antipodes.
Et chaque vendredi apporte son lot de pèlerins, de plus en plus nombreux, en quête d’une spiritualité que ni le colon et ses efforts ridicules d’imposer ses propres canons spirituels, ni les squatters d’Allah dans leurs vaines tentatives d’expurger l’Islam, celui de nos aïeux de toute référence ou substrat local, n’ont réussi à mettre à bas, ni même à entamer une foi qui ne s’est jamais démentie tout au long des siècles.
Vendredi, 8 h du matin, pendant que les gardiens du temple se livrent aux grandes ablutions avant de se mettre dans ce bizarre accoutrement “collet serre” qu’est le qamis, dans l’attente de la grande prière, des cars par dizaines, déversent des centaines de femmes, hommes, enfants au pied du raidillon haut perché première et dernière étape avant l’ultime ascension vers la rédemption. La foule bigarrée affiche bomhomie et humeur contagieuse dans une ambiance festive à souhait. Certains psalmodient. D’autres, l’émotion en bandoulière, écrasent une larme. Des indices difficilement perceptibles de transes sont auto-réprimés. Cela donne le ton de ce qui se passe là-haut, au sein du saint des saints ! L’esplanade est noire de monde. N’allez surtout pas croire qu’il n’y a que les valides à oser défier le chemin de chèvres tant les lieux tiennent d’une véritable cour des miracles : vieux, jeunes, éclopés, handicapés moteurs, aveugles. C’est Saint Jacques de Campostelle et Lourdes réunis ! Qu’est-ce qui peut bien transfigurer ces visages burinés, rongés par les vicissitudes d’une vie souvent pénible et d’une existence qui n’a jamais été tendre avec eux ? La foi, pardi, la foi ! Le soleil, bien haut dans un ciel d’azur, malgré l’heure matinale, car de ses rayons impitoyables sur les têtes bien couvertes.
Et la procession, interminable, chemine cahin-caha, à son rythme. Les plus alertes ajustent leurs pas sur ceux des plus lents, souffrant du poids des âges ou de quelques infirmités ou des deux en même temps.
Les chants liturgiques vont crescendo, à mesure que le parcours est avalé, mètre après mètre... Les corps sont rompus et les haltes pour reprendre souffle et forces plus fréquentes.
Les derniers pas sont les plus durs et la plupart s’emmêlent les pédales, perdant le temps acquis mécaniquement. Une vieille, d’âge canonique, titube, elle va s’effondrer, se retrouver au sol quand des dizaines de bras la retiennent et la remettent d’aplomb.
La solidarité, sur ce chemin de croix, n’est pas un vain mot. Plus que quelques mètres et c’est la délivrance du corps. Pour l’esprit, il faut encore patienter ! Une forte brise marine chargée d’iode vient tonifier et revivifier carcasses usées et plastiques, irréprochables des jeunes filles.
Tout le monde se rajuste, on n’investit pas les lieux de sainteté mal fagoté, une gorgée d’eau, un bonjour parfois retentissant par delà les siècles et c’est le pas alerte que les pèlerins franchissent la porte du temple qui, vu d’en bas parait si petit. La foi dit-on déplace les montagnes. A défaut de montagnes, elle fait déplacer malades vrais et faux, valides, jeunes, vieux, jeunes mariées et vieilles filles, femme féconde et femme stérile, riches et pauvres. Tout le monde ou presque en somme ! Tous face au mal supposé ou réel, affichent humilité et profil bas, faisant l’impasse sur la morgue habituelle comportement infatués, vanité, cupidité et tous les autres péchés capitaux qui d’ordinaire meublent et rythment leurs vies.
Pour certains, c’est toute une vie dissolue, faite de jouissance effrénée des plaisirs de ce bas monde qui est déposée au pied du sanctuaire, comme à confesse.
Pour un peu, il s’auto-flagelleraient ! Pitoyables, beaucoup le sont d’autant que eux-mêmes en sont persuadés, répentance et contrition ne durent que le temps des pâquerettes, celui passé auprès du mausolée.
Après, c’est bis répétita ! Et puis, il y a les autres, les plus nombreux, les humbles que sans trop donner l’air d’être chargés de péchés n’en ont pas moins quelques reproches à se faire, la pauvreté, n’étant absolument pas un gage de blancheur de l’âme ! Ainsi vont les hommes qui s’offrent les péchés qu’ils peuvent. La répentance, acte isolé que l’on n’ose avouer à personne, en tout cas pas aux vivants, n’est pas tout. Beaucoup viennent déposer dans ce nid d’aigle pollution morale et bobos physiques. La thérapie basée sur une croyance très forte s’adjoint le concours de placebos, henné, sel, bougies qui agissent comme autant de filtres, de remèdes miracles, de panacées universelles. La magie blanche en somme, l’odeur de sainteté en prime ! L’exorcisme est un rituel très demandé. Certains témoignages, recueillis sur place, montrent à quel point le fil entre le rationnel et le surnaturel est tenu, dans une société, la nôtre, qui subit toujours l’influence de pratiques animistes venues du fond des temps.
On rapporte ainsi que certaines personnes illettrées se sont soudain mises à parler une langue étrangère ! Comprenne qui pourra ! D’autant que ces personnes humbles, à l’univers étriqué et à la pensée limitée sont peu suspectes d’une supercherie aussi élaborée.
Les vieilles filles, que la société terrible dans ses jugements de valeurs a définitivement mis au placard jusqu’à ce qu’elles trouvent chaussures à leurs pieds affectionnent particulièrement cette ziara. Même si leur foi se réduit un peu plus après chaque visite. Il n’y a pas que leur moral à accuser le coup. Le physique à son tour, en plus du poids des ans, à force d’attentes vaines, prend un sérieux coup de vieux. Et c’est alors la lente descente vers la décrépitude suivie par un refus catégorique de tout recours aux soins esthétiques...
Les affections psychiques légères ou graves de type névrose sont un autre segment, un autre filon auquel Yemma Gouraya accorde attention et parfois guérison. La croyance populaire atteste de plusieurs rémissions sans que cela ne soit authentifié. Aucune autorité morale ou religieuse n’est à même de certifier le moindre miracle. Et, ce ne sont pas les affirmations que ceux et celles qui officient dans le sanctuaire qu’il est recommandé de prendre pour argent comptant.
Incultes, membres d’une obscure association, ils se sont autoproclamés maîtres et prêtresses des lieux, détournant le denier du culte à leur seul et unique profit. Et il n’est pas rare qu’ils offrent le spectacle inédit et indécent de leurs luttes pour le contrôle des lieux.
Il y a un an, une odieuse mégère, non apprivoisée, à la cuisse légère a, moitié par dépit de voir la richesse lui filer entre les doigts, moitié par vengeance, mis le feu à la salle principale du rez-de-chaussée. Et les murs, noircis par la suie sont restés en l’état plusieurs mois.
L’été, saison de toutes les convoitises, de toutes les espérances aussi, attire des milliers de personnes réputées pour leur générosité. Et c’est d’une véritable manne que l’on devrait parler au lieu d’offrandes ou d’oboles.
Quant aux dons en nature, ovins bien gras généralement, ils ne sont jamais immolés sur place, les gardiens du temple s’arrogeant le droit exclusif de percevoir tous les dons ! Tout fonctionne en fait, comme si le simple fait de se prévaloir d’une certaine antériorité (l’une des prétresses peut prétendre, après tant d’années sur les lieux à une retraite bien méritée !) confère à la faune qui squatte le mausolée tous les droits : celui de percevoir billets et offrandes et de dispenser en retour une dose de baraka. L’esbroufe est là, bien présente et personne n’a intérêt à piper mot et à tenter de remettre en cause un ordre, un mode de fonctionnement qui se veulent immuables. Le risque étant grand de recevoir une correction...
Autre chose, si vous voulez en savoir plus sur Yemma Gouraya, inutile de vous adresser aux officiants, plus prompts à happer la “waâda” qu’à éclairer la lanterne des pèlerins pour la simple et bonne raison qu’ils n’en savent absolument rien. Pire, ils sont incapables de s’en tenir à un récit cohérent et de le ressortir à chaque fois que le pèlerin avide de belles légendes, de préférence avec des Happyend édulcorés et qui font la part belle aux rêves en exprime la demande.
Une hideuse bonne femme grosse et grasse, vestale autoproclamée, un jour de grande inspiration s’est mise à rapporter un rêve où elle aurait vu Yemma Gouraya, jean moulant et cigarette au bec, se plaindre de l’ingratitude des gens qui ne sont pas assez généreux de son point de vue. Cette histoire ahurissante est authentique !
Tous ces petits “à côté” ne sauraient cependant occulter l’impression de bien-être extraordinaire qui se dégage des lieux.
Une sensation de plénitude, de paix de l’esprit, d’accord avec soi-même et les autres, plane sur cet espace où l’on sent comme une présence rassurante, omniprésente et bienveillante, comme un esprit qui flotte. Et tous assurent que ce n’est pas seulement une vue de l’esprit, sans jeu de mots, par trop conditionné. La preuve, ces visages transfigurés, rayonnants et cette légèreté de l’enveloppe corporelle qui fait à la majorité des pèlerins qu’ils sont débarrassés du fardeau. Yemma Gouraya, son pèlerinage agiraient pour ainsi dire, un peu comme Jésus le Nazaréen qui a donné sa vie en rémission des péchés de l’humanité, de toute l’humanité. Yemma Gouraya ou la cure garantie. Yemma Gouraya ou l’accomplissement de quelque chose de grandiose vers la connaissance de soi. Yemma Gouraya ou la révélation des pulsions les plus intimes. Yemma Gouraya, c’est un peu tout cela ! Et honni soit qui mal y pense !

Mustapha R
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