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 La langue berbère, passé, présent et avenir

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boulevard boy

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MessageSujet: La langue berbère, passé, présent et avenir   La langue berbère, passé, présent et avenir EmptySam 1 Oct - 2:53

La langue berbère, passé, présent et avenir
A l’origine de l’écriture libyque…


Les Berbères ont possédé un système d'écriture millénaire et tous les indices laissent penser qu'il s'agit d'un système autochtone.
Tamazight que ses adversaires veulent limiter aujourd'hui à la seule fonction de langue orale, régionalement enclavée a possédé un système d'écriture, considéré par les spécialistes comme l'un des plus anciens du bassin méditerranéen. Ce système se perpétue de nos jours au Sahara et une version modernisée est employée en Kabylie sur les enseignes et les panneaux de signalisation. Une utilisation plus large pourrait lui redonner une seconde vie. A côté de ce système millénaire, les Berbères utilisent aussi d'autres caractères pour transcrire leur langue : le système arabe a été surtout employé au Moyen âge et s'il l'est aujourd'hui encore, dans une certaine mesure, par certains groupes berbérophones, avec le latin, introduit au dix-neuvième siècle et qui a aujourd’hui la faveur de la plupart des chercheurs.


En Algérie, on a assisté, dans les années quatre-vingt à une "guerre de l'écriture" , où des tendances ont tenté, chacune avec ses arguments, d'imposer un caractère en dehors de l'autre. Cette guerre s'est quelque peu calmée aujourd’hui mais elle risque de ressurgir au cas ou le projet d’officialisation de la langue amazighe viendrait à se concrétiser. Nous tenterons, dans cet article et les suivants, de présenter avec le plus d’objectivité possible la situation au lecteur. Auparavant, nous tenterons de retracer l'histoire de l'écriture et des systèmes de transcription de tamazight.

Le libyque, un système d'écriture millénaire

Rappelons que le terme, libyque", qui désigne tantôt le système d'écriture berbère, tantôt la langue elle même dans l'antiquité, dérive de Lebou, nom que les anciens Egyptiens donnaient aux Berbères. A partir de ce mot a été formé également le mot Libye, pour désigner d'abord la partie orientale du Maghreb, puis le Maghreb tout entier, avant de désigner, à l'époque moderne, la Libye actuelle.
Si l'on croit la plus ancienne inscription libyque jusqu'ici retrouvée, l'inscription de l’Azib n’Ikkis, dans le Moyen Attas marocain, l'alphabet libyque remonterait au 6éme ou au 7éme siècle avant J.C. ll faut donc supposer un développement de plusieurs siècles, ce qui ferait du libyque un contemporain des alphabets méditerranéens anciens, notamment le phénicien. C'est cet alphabet archaïque qui se perpétue aujourd'hui dans les tifinagh touaregs et qui a été repris, sous une forme nouvelle, dans les régions du nord, notamment la Kabylie.
Même si les inscriptions libyques sont plus nombreuses dans certaines zones que dans d’autres, elles sont attestées ainsi que le montrent les découvertes effectives depuis plus d’un siècle dans toutes les régions du Maghreb et du Sahara et on les retrouve jusqu’aux îles Canaries. C'est dire que c'est une écriture nationale dont les variantes ne remettent pas en cause l'unité de base.

L'alphabet libyque et ses variantes

On a pris l'habitude de distinguer trois types d'alphabets libyques :
-L'alphabet oriental, utilisé dans les inscriptions de la région de Thugga, l’actuelle Dougga, en Tunisie, et l'est de l'Algérie. C'est l'alphabet le mieux connu et surtout le plus étudié -L'alphabet occidental, figurant sur les inscriptions de Kabylie, de l'ouest constantinois et du Maroc

-Les écritures sahariennes anciennes, contemporaines du libyque mais dont l'usage s'est perpétué jusqu'au l8e siècle au moins (c'est la date des plus récentes d'entre elles).

En fait, il ne s’agit pas d’alphabets différents mais de variantes régionales du même alphabet.
On a beaucoup écrit sur la datation du libyque et son origine. Aujourd'hui, on connaît mieux cet alphabet, ce qui permet de corriger certaines assertions à son propos.


Datation

La datation du libyque a été revue ces dernières années: de la chronologie jusque là admise - 3ème / 2ème siècles avant J.C on est remonté au 6ème siècle avant J.C. En 1966 déjà, l'Américain E. L SMITH datait l’apparition du libyque de la fin de la période cabaline, expression par laquelle on désigne le groupe des œuvres rupestres du Sahara où le cheval apparaît à l’état domestique, ce qui correspond aux derniers siècles avant l'ère chrétienne. ll n'est pas exclu que l’affinement des méthodes de datation et de nouvelles découvertes repoussent encore plus loin ces estimations.

Les origines

Une autre remise en cause concerne l'origine de l'écriture libyque. Selon une hypothèse, à la fois ancienne et répandue, l'alphabet libyque dériverait de l’alphabet phénicien. Cette hypothèse repose essentiellement sur trois arguments :

- Le caractère exclusivement consonantique de l'alphabet berbère, ce qui le classe parmi

Les alphabets sémitiques,

- Le nom de tifinagh que les Touaregs utilisent pour désigner leur écriture et dans lequel on a vu la racine FNgh / FNQ, de laquelle dérive le nom donné aux Phéniciens dans les langues sémitiques (par exemple l'arabe finiqî.)

- Le fait qu'il n'existe pas pour le libyque d'écriture pré-alphabétique qui indiquerait qu'on est en présence d'un système autochtone.

Concernant la notion d'écriture consonantique, les spécialistes pensent qu'il n'existe pas d'alphabet consonantique, même pour ce qui est des alphabets sémitiques puisqu'on ne peut lire une suite de consonnes sans intercaler de voyelles entre elles. Il est plus juste de parIer d'écritures syllabiques, c'est à dire de systèmes dont les caractères s'accompagnent obligatoirement de voyelles à la lecture. D'ailleurs, une écriture entièrement consonantique ne convient pas au berbère où les voyelles sont d'une fréquence élevée et permettent au mot, à base consonantique de s’intégrer dans une catégorie grammaticale. De plus le libyque, contrairement à ce que l'on croit a pu représenter des voyelles. Ainsi, on soupçonne les trois traits verticaux d'avoir noté la voyelle a et les signes qu'on identifie comme des semi-consonnes (y et w) on pu noter les voyelles i et u.
Le rattachement du mot tifinagh au mot finiqî "Phénicien" est des plus contestables. En effet, le mot finiqî n'est pas sémitique mais... grec, et provient de phoenici, qui signifie "homme rouge", par référence à la couleur pourpre que fabriquaient les Phéniciens, il n'a donc pu être reçu des Phéniciens qui devaient disposer d'un terme propre pour se désigner. C'est ainsi qu'on peut voir dans Phoenici la traduction de Himyar, mot issu d'une racine sémitique signifiant également " rouge " dans les langues sémitiques. Ces Himyar sont peut-être les mêmes que ceux de l'Arabie du sud qui fondèrent dans la haute antiquité un royaume puissant et allèrent s'installer au 2ème millénaire avant J.C sur les côtes du Liban.
Le mot tifinagh ne peut donc s'expliquer par le phénicien. En revanche, une étymologie par le berbère est tout à fait possible. On pense principalement à un mot attesté en touareg nigérien, asefinagh " explicitation, élucidation", mot dérivant du verbe ssejenagh "expliciter rendre clair ce qui est obscur". La notion d' " explicitation " est ici liée à la légende d'un héros civilisateur qui, tout en révélant l'écriture aux hommes, réserva la signification cachée des lettres aux seuls initiés.
Enfin, l’affirmation selon laquelle le libyque n'a pas de système pré-alphabélique qui aurait servi de base à une évolution vers l'alphabet, est loin de faire l'unanimité et des recherches sont en cours pour retrouver dans les peintures rupestres du Maghreb et du Sahara les avants courriers de l'écriture libyque. Mais on sait déjà que l'art berbère utilise depuis longtemps un répertoire de symboles qui rappellent fortement les caractères libyques. "Les signes même qui composent l'alphabet libyque entrent dans un fonds de motifs décoratifs propres à l 'art berbère qu'on retrouve dans les poteries et les tatouages. Les croix, les points, les assemblages de traits et de cercles qui sont à l'origine de l'écriture libyque, ont été signalés sur les gravures rupestres" (G. CAMPS, 1960). Certains auteurs, comme J.B Chabot et L. Galand se demandent même si certains signes figurant sur les stèles libyques n'ont pas une valeur ornementale. Il y a donc de fortes chances pour que le berbère ait possédé une écriture pré-alphabétique.

Le libyque, l'écriture berbère ancienne, disparue dans les régions du nord du Maghreb, a survécu au Sahara, dans les tifinagh. D'abord confinés au domaine touareg, les tifinagh, les tifinaghs, connaissent un renouveau, en servant de base à de nouveaux systèmes de transcription, Au Moyen âge, des Berbères ont utilisé l'écriture arabe pour noter leur langue.
Il est étonnant que le libyque n'ait survécu qu'au Sahara, chez les Touaregs : partout au Maghreb, il a disparu, et, apparemment avant l'arrivée des Arabes. Faut-il supposer que ce système, fortement concurrencé par les alphabets étrangers, d'abord le punique puis le latin, a cédé progressivement du terrain, jusqu'à disparaître, avec l'arrivée des Musulmans, porteur d'une autre écriture, de surcroît sacralisée, par la religion ? Tout ce que l'on peut affirmer avec certitude, c'est que le champ d'utilisation de cette écriture , était plutôt restreint: en tout cas, les vestiges qui nous en sont parvenus, sont, dans la quasi-totalité des cas, des épitaphes et de courts messages. C'est dans une autre langue, le latin, que les grands écrivains berbères de l'antiquité, comme Apulée ou Arnobe, qui étaient pourtant fiers de leurs origines et se sont opposés à la présence romaine, ont rédigé leurs œuvres. Les Berbères musulmans, juristes, théologiens, poètes, feront de même, en rédigeant leurs œuvres en arabe. Finalement, les seuls à produire, ou plutôt à nous léguer des bribes de textes en arabe, seront les Ibadites schismatiques, pour lesquels l'usage du berbère était, en plus de leur religion, un moyen d'exprimer leur particularisme, dans l'ensemble musulman orthodoxe.

(a suivre)

M.A Haddadou
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MessageSujet: La langue berbère, passé, présent et avenir   La langue berbère, passé, présent et avenir EmptySam 1 Oct - 2:55

( la suite )

Les tifinaghs

Il n' y a pas de doute que les tifinagh sont les héritiers du libyque : même s'il n'y a pas une identité parfaite entre les caractères des deux systèmes, ils présentent beaucoup de caractéristiques communes. Les caractères tifinaghs s'écrivent de droite à gauche, mais on peut aussi les écrire de gauche à droite, de bas en haut et, comme en libyque, on peut commencer à écrire dans le coin droit de la feuille, puis monter jusqu'au bord supérieur, on tourne ensuite la forte, puis on remonte jusqu'au bord supérieur et ainsi de suite, jusqu'à épuisement de l'espace. Ce procédé, appelé boustrophédon se rencontrait dans beaucoup de systèmes d'écriture anciens. Comme le libyque aussi, les tifinaghs notent principalement les consonnes. Cependant, on note la présence d'un signe notant la voyelle a, le point, appelé tegherit. Les autres voyelles finales, i / e et u / o, sont notées par les signes qui notent y et w. Quelques dialectes méridionaux utilisent la tegherit pour noter toutes les voyelles. Notons aussi que les tribus maraboutiques de Tombouctou, au Mali, ont introduit, ces dernières décennies, les signes de vocalisation arabes : fatha pour le a et le â, kasra pour le i et le e, dhamma pour u et o. On relève aussi la chadda pour noter le redoublement et le sukun pour l'absence de voyelle.
Comme le libyque, les tifinaghs sont principalement utilisées pour noter des messages courts, des poèmes, des inscriptions diverses, que l'on grave sur des pierres, les armes ou les bijoux. On ne relève aucune œuvre littéraire d'importance, qui aurait permis de fixer l'écriture, donc de dégager une norme, réduisant ainsi le foisonnement qui existe dans ce domaine. Aujourd'hui encore, on note, chez les Touaregs d'importantes variations, ce qui fait de l'écriture un système instable. En dépit de cela, I'usage des tifinaghs est très répandu, aussi bien parmi les hommes que les femmes. Ce sont d'ailleurs les femmes, gardiennes de la tradition et de l'identité, qui le transmettent aux enfants.

Les néo-tifinaghs

Depuis quelques décennies, grâce aux efforts de militants d'origine kabyles, les tifinaghs connaissent un renouveau, en servant de base à de nouveaux systèmes de transcription, d'abord du kabyle, en Algérie, et, plus récemment, de quelques grands dialectes au Maroc, où ce système a été officiellement choisi, dans le système d'enseignement.
Ces néo-tifinaghs proviennent des caractères de l'Ahaggar auxquels on a ajouté des signes pour noter les phonèmes du berbère nord qui n'existent pas en touareg, c'est le cas de h', de 'â, ou des fricatives, ts ou dj. Ces signes supplémentaires sont en général puisés dans les variantes du tifinagh ou même dans les signes libyques.
Depuis quelques années aussi, on dispose de polices amazighes, ce qui permet de passer, sans difficulté du latin au tifinagh et inversement.
(tableau)

L’utilisation des caractère arabes
Tout au long des siècles et jusqu’à nos jours, des groupes berbères ont utilisé l’alphabet arabe pour transcrire leur langue : groupes schismatiques du Moyen âge, comme les Ibadhittes ou les fameux Berghawata, qui ont fondé un royaume hérétique sur la côte occidentale du Maroc et élaboré une religion propre avec un Coran écrit en berbère et, aujourd'hui, les Chleuhs les Mozabites les Chaouis et d'autres groupes berbérophones.. Mais nulle par, le berbère n'a accédé au rang de langue écrite, reconnue par l'autorité politique: à l'inverse de langues comme le persan ou le turc transcrits en caractères arabes, il a toujours été écarté de l'Administration et de l’enseignement.
Les textes écrits en berbère qui nous sont parvenus sont en nombre réduit, mais il faut supposer qu’il étaient plus nombreux. Les Ibadhites avaient l’habitude, après avoir écrit un livre en berbère, de le traduire en arabe pour les arabophones: dans la plupart des cas, les originaux berbères ont disparu alors que les traductions sont restées. Encore heureux que des morceaux de texte berbères soient cités, à titre d'illustration, dans les textes arabes. Parmi les ouvrages que l'on cite en berbère, citons la célèbre profession de foi ibadhite, al’Aqida, qui a été rédigée à une époque ancienne en berbère avant d'être traduite, à la fin du 14e siècle de l'ère chrétienne, par Abû Hafs 'Umâr ben Djami'e. On peut citer aussi l'œuvre d'Abû Salil al Farisi qui a composé en berbère et en vers une histoire des Ibadhites en douze volumes. Le livre a disparu, brûlé au cours de l'incendie de La Qal'a des Banu Dardjen en 1048. On a recueilli une partie des poésies auprès des gens qui les avaient apprises et ont les a consignées dans un volume. Mais celui-ci -s'est perdu à son leur et on peut considérer l'œuvre d'Abû Salil comme définitivement perdue. On sait aussi que des auteurs Ibadhites ont traduit en berbère des ouvrages de leur doctrine écrits en Orient. Le plus connu de ces livres est la Mudawwana d’Ibn Ghanem, recueil de textes sur la prière, le jeûne,l’aumone légale et diverses questions touchant à la famille et à la société.
Tous ces textes —en fait, des bribes de texte, nous permettent de nous faire une idée du berbère au Moyen âge et de collecter des données linguistiques importantes.
Pour transcrire le berbère en caractères arabes, les Anciens ont dû procéder à des adaptations.
Ainsi : le j du berbère est transcrit dj le z’ de iz’i ''vésicule" est transcrit ç (çad de l’arabe) etc… Il n'y a pas de doute que ces adaptations devaient poser des difficultés, voire provoquer des confusions. C'est pourquoi, par exemple, les copistes chleuhs devaient introduire des signes diacritiques pour faire des distinctions : ainsi le z' est transcrit au moyen du çad, auquel on ajoute trois points souscrits.
La transcription des voyelles était meilleure et elle a été reprise de nos jours par ceux qui transcrivent le berbère en caractères arabes: les Berbères ont eu l'idée d'employer les consonnes utilisées habituellement à noter les voyelles longues de l'arabe (y, w et â) pour noter les voyelles brèves du berbère (u, i et a)' l’opposition voyelles longues / voyelles brèves n’étant pas, hors du touareg, pertinente en berbère.


M.A Haddadou
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